Ces développements sont issus de la société russe Softline, qui a déclaré avoir reçu une notification directe de Microsoft et d'Amazon au sujet de la suspension imminente. Softline a partagé cette information par différents canaux, notamment par une déclaration d'Elena Volotovskaya, vice-présidente de l'entreprise chargée des investissements, sur son canal Telegram. Selon Softline, l'arrêt de ces services signifie qu'à partir de la date spécifiée, les entreprises russes ne pourront plus utiliser ces produits en nuage, ni accéder aux données qui y sont stockées.
La mesure est de nature à renforcer les départs des professionnels de l’IT russe de leur pays
L’exode est la résultante des sanctions occidentales en représailles contre l’opération militaire russe en Ukraine. L'évaluation de la situation par l'Association suggérait déjà au mois de mars 2022 qu'une deuxième vague de 100 000 professionnels des technologies de l’information était sur le départ.
Le tableau faisait suite à des plaintes desdits professionnels de leur impossibilité de sortir du pays en raison des sanctions à leur encontre au travers des réseaux Visa et Mastercard :
« Ici Alex au nom de la communauté informatique russe (plus de 40 000 personnes). Veuillez lire notre message.
L'arrêt des transactions Visa et Mastercard à l'étranger va bloquer des milliers de spécialistes en informatique au sein du régime. Ces personnes tentent actuellement de fuir le pays.
Au cours des deux derniers jours, nous avons reçu plus de 300 CV, ce qui nous a permis de mettre ces personnes en contact avec plus de 30 organisations d'Europe, des États-Unis, du Canada, d'Inde, de Turquie, des Émirats arabes unis et d'autres pays afin de les aider à se relocaliser de toute urgence. La plupart des personnes à la recherche d'une relocalisation sont des Ukrainiens de nationalité qui vivent en Russie.
Beaucoup de ces personnes comptent sur les maigres économies qu'elles ont encore sur leurs cartes bancaires, car beaucoup ont été licenciées au cours de la semaine dernière. Il est pratiquement impossible d'obtenir de l'argent liquide en ce moment, même à Moscou.
Ces personnes ne seront pas en mesure d'acheter des billets pour sortir. Ceux qui ont déjà pris l'avion ne pourront pas se financer, car beaucoup dépendent encore de sources de revenus russes et essaient de travailler à distance tout en cherchant un autre emploi.
Moi et d'autres administrateurs de communautés vous supplions pratiquement, de la part de toutes nos communautés informatiques, de reconsidérer cette décision, ou de nous donner plus de temps. »
Le gouvernement russe travaille néanmoins à s’affranchir des technologies dominées par les Américains. Son Internet souverain en est un exemple
L’une des idées derrière l’Internet souverain russe est de permettre à Moscou de se doter d’un poste de commandement unique à partir duquel les autorités peuvent gérer les flux d’informations dans le cyberespace russe (alias Runet) ; cela inclut la surveillance, la limitation ou le blocage de ces flux sur toute ou partie de l’étendue du cyberespace russe. Ce dernier s’appuie donc sur son propre système de noms de domaine pour lui permettre de continuer à fonctionner, ce, même s'il était coupé du web mondial. L'objectif, selon les autorités russes, est de « garantir un Internet stable, sûr et transparent. »
D’un point de vue technique, le Runet est architecturé autour de dispositifs spéciaux qui intègrent un logiciel de surveillance des milliers de points d’échange entre la Russie et le Web au sens large. Ces derniers sont chargés d’alimenter le centre névralgique d’analyse en temps réel des volumes et les types de trafic installé au sein du Roskomnadzor – le régulateur russe en matière de télécommunications.
D’après les retours des autorités russes, le premier test en 2019 s’est passé avec succès. « Il s'est avéré qu'en général, tant les autorités que les opérateurs de télécommunications sont prêts à répondre efficacement aux risques et menaces éventuels et à assurer le fonctionnement de l'Internet et du réseau unifié de télécommunications en Russie », a déclaré Alexei Sokolov – directeur adjoint du ministère du Développement numérique, des communications et des médias lors de la conférence dédiée.
En tout, quatre opérateurs de télécoms ont participé à l’opération au cours de laquelle 18 scénarios d’attaque ont fait l’objet de tests. Les résultats des tests seront présentés au président russe l'année prochaine. Une version finale du Runet est attendue en 2021.
Source : TASS
Et vous ?
Les sanctions contre la Russie vont-elles paralyser définitivement son industrie technologique ou au contraire entraîner l’accélération de son indépendance vis-à-vis de l’Occident ?
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