Dans un contexte d'explosion de l'IA, la consommation d'énergie et d'eau a atteint un niveau record en 2023, les centres de données de Microsoft passant à la vitesse supérieure pour faire face à la concurrence. Pour vous donner une idée de la situation, Microsoft a déclaré le mois dernier que la demande en IA dans le cloud dépasse l'offre, même après une augmentation de 79 % des dépenses en capital. Mais malgré ces investissements massifs, Microsoft fait face à une pénurie d’infrastructure de centre de données, en particulier pour le déploiement de ses modèles d’IA. La situation est telle que Microsoft a fait appel à Oracle.
Selon un accord conclu en novembre dernier par les deux entreprises, Microsoft utilisera l’infrastructure d’IA d’Oracle Cloud Infrastructure (OCI), en complément de son infrastructure d'IA Azure, pour l’inférence des modèles qui sont optimisés pour alimenter les recherches conversationnelles de Copilot quotidiennement. Mais toute cette agitation autour de l'IA a un impact significatif sur le climat. Microsoft a publié mercredi son dernier rapport sur le développement durable, et les nouvelles ne sont pas bonnes. En 2023, les émissions de Microsoft ont augmenté de 29 % et l'entreprise a aussi utilisé beaucoup plus d'eau.
Selon le rapport, en 2023, Microsoft a utilisé 23 % d'eau en plus qu'en 2022, passant de 6 399 415 mètres cubes en 2022 à 7 843 744 l'année dernière. Toutefois, la firme de Redmond est loin entreprise d'IA confrontée à une hausse importante de ses besoins en eau. D'autres grandes entreprises technologiques - Amazon, Google et Meta - ont également signalé avoir connu une des hausses importantes de leur consommation d'eau l'année dernière. Leurs rapports de développement durable pour 2024 ne sont pas encore publiés, mais les analystes s'attendent à des nouvelles aussi mauvaises que celles de Microsoft.
La principale raison de la hausse de l'empreinte carbone de Microsoft est l'utilisation croissante de nouvelles technologies comme l'IA générative et la construction rapide de centres de données, qui nécessitent des matériaux de construction à forte intensité de carbone, ainsi que des composants matériels. La formation et l'exécution de grands modèles de langage (LLM) sont des activités de plus en plus gourmandes en énergie, et l'on commence tout juste à se rendre compte de leur impact sur le climat. Le rapport suggère que l'IA générative constitue désormais un défi de taille pour l'atteinte des objectifs climatiques de l'entreprise.
Envoyé par Microsoft
Il s'agissait d'un engagement audacieux à l'époque, étant donné que les technologies de capture du carbone venaient à peine d'être mises au point. L'entreprise devait également encourager le déploiement d'une quantité beaucoup plus importante d'énergies renouvelables sur les réseaux électriques où elle opère. Aujourd'hui, il semble que l'obsession récente de l'entreprise pour l'IA rende cet objectif beaucoup plus difficile à atteindre. Microsoft a investi plusieurs milliards de dollars dans OpenAI, créateur de ChatGPT, pour avoir un accès exclusif à ses modèles récents, tout en poursuivant ses propres efforts en matière d'IA.
Brad Smith, président de Microsoft, a déclaré : « en 2020, nous avons dévoilé ce que nous avons appelé notre moonshot carbone. C'était avant l'explosion de l'IA. À bien des égards, la lune est cinq fois plus éloignée qu'elle ne l'était en 2020, si l'on pense simplement à nos propres prévisions concernant l'expansion de l'IA et ses besoins en électricité ». En outre, en examinant de plus près les données du rapport de développement durable de Microsoft, l'on peut comprendre à quel point l'entreprise est allée dans la mauvaise direction. Microsoft a rejeté 15,357 millions de tonnes de CO2 au cours de l'exercice fiscal précédent.
Selon les analystes, ce taux d'émission de CO2 est comparable à la pollution annuelle par le carbone d'Haïti ou du Brunei. Les centres de données utilisés pour dans le cadre du développement des systèmes d'IA sont encore plus gourmands en énergie et en eau que les centres de données traditionnels qui consomment déjà beaucoup d'électricité pour faire fonctionner les serveurs et les systèmes de refroidissement pour éviter la surchauffe. Malgré les mauvaises conclusions de son dernier rapport sur la durabilité, Microsoft prévoit de construire beaucoup plus de ces centres de données maintenant qu'il s'est lancé dans l'IA.
Dans le but de réduire ses émissions indirectes, Microsoft a décidé d'imposer à ses fournisseurs de grande taille et à fort volume l'obligation d'utiliser une électricité 100 % sans carbone d'ici à 2030. Cette initiative suscite toutefois le scepticisme. Selon un rapport Goldman Sachs, l'IA et les centres de données devraient représenter 8 % de la consommation d'électricité aux États-Unis d'ici à 2030, soit plus du double de leur part actuelle. Le rapport prévoit que le gaz naturel alimentera 60 % de l'augmentation de la demande d'électricité des centres de données, tandis que les énergies renouvelables alimenteront les 40 % restants.
Selon Ami Badani, directrice du markéting chez le fabricant de puces Arm Holdings, l'IA pourrait engloutir un quart de l'électricité produite aux États-Unis d'ici 2030 si elle ne se défait pas de sa grande dépendance à l'égard de l'énergie. Microsoft indique qu'il s'efforce de capter et de réutiliser l'eau de refroidissement autant que possible. Les projets de recyclage visent à compenser les impacts, notamment dans les endroits où le stress hydrique est élevé et où la firme de Redmond exploite des centres de données. Du côté positif, Microsoft déclare avoir utilisé 23,6 millions de MWh d'énergie renouvelable en 2023.
C'est assez d'énergie pour alimenter Paris pendant deux ans. Microsoft dit également avoir désigné 6 414 hectares de terrain, soit l'équivalent de 9 000 terrains de football, comme étant protégés "de façon permanente". Le rapport de Microsoft sur le développement durable indique également que des efforts sont en cours pour réduire les déchets, rendre ses campus plus efficaces, éliminer le carbone de l'atmosphère et bien d'autres choses encore.
Source : Microsoft (PDF)
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