Peut-être dans la perspective de la fin imminente du support de la plupart des versions de Windows 10, Microsoft a clarifié cette semaine la différence entre la dépréciation (la fin du développement actif) et la fin du support, qui est le moment où Microsoft cloue le couvercle sur le cercueil d'un produit.
Alors, que signifie la dépréciation de quelque chose ? Microsoft peut dire que cela ne signifie pas « la fin », mais il serait plus juste de dire que cela ne signifie pas « la fin... pour l'instant ». L'objectif de ce billet de blog est d'aider les organisations à mieux comprendre comment la dépréciation les affecte et ce qu'elles doivent faire lorsqu'un outil ou une fonctionnalité nécessaire est sur le point d'être déprécié.
Microsoft présente plusieurs avantages à la dépréciation :
- Renforcement de la conformité organisationnelle : En adoptant des technologies prises en charge, les organisations améliorent leur sécurité et leur productivité.
- Temps de préparation : Les annonces de dépréciation offrent aux organisations le temps nécessaire pour planifier et mettre en œuvre des changements, évitant ainsi les surprises.
- Opportunité d'évaluation : C'est l'occasion pour les organisations d'évaluer l'impact potentiel et de planifier des solutions alternatives ou des mises à jour.
Envoyé par Microsoft
Une analyse critique des implications pour les utilisateurs
Bien que Microsoft présente la dépréciation comme une opportunité, il est essentiel d'examiner les implications pratiques pour les utilisateurs et les organisations :
- Charge de travail supplémentaire : La nécessité de planifier et de mettre en œuvre des changements peut imposer une charge de travail supplémentaire aux équipes informatiques, surtout dans des environnements complexes.
- Coûts financiers : La migration vers de nouvelles technologies ou la mise à jour de systèmes existants peut entraîner des coûts non négligeables, notamment en termes de licences, de formation du personnel et de mise à niveau du matériel.
- Dépendance accrue : Les organisations peuvent se retrouver dépendantes du calendrier de Microsoft, devant adapter leurs opérations en fonction des décisions de l'entreprise concernant la dépréciation et le retrait des fonctionnalités.
Dépréciation : un mal nécessaire ou une stratégie commerciale ?
La dépréciation d’un produit logiciel signifie que son support officiel s’arrête progressivement, incitant les utilisateurs à migrer vers des versions plus récentes. D’un point de vue purement technique, cette transition est logique : elle permet de se débarrasser des technologies obsolètes, de combler les failles de sécurité et d’améliorer les performances. Microsoft, en tant qu’acteur majeur du secteur, se doit d’évoluer et de garantir un écosystème à jour.
Cependant, cette nécessité technique masque aussi une stratégie commerciale bien rodée. Lorsqu’une version d’un logiciel ou d’un service devient obsolète, l’utilisateur n’a d’autre choix que de se conformer aux nouvelles exigences dictées par Microsoft. Parfois, cela signifie un coût financier non négligeable, notamment pour les entreprises qui doivent adapter leur infrastructure, former leurs employés et, dans certains cas, abandonner des outils qui fonctionnaient encore parfaitement pour leurs besoins.
Le cas Windows et le modèle de support en évolution
Microsoft applique cette philosophie de la dépréciation à ses principaux produits, notamment Windows et Office. La fin du support de Windows 10 en 2025 pousse déjà les utilisateurs vers Windows 11, avec des exigences matérielles plus strictes. De même, l’évolution des abonnements à Microsoft 365 montre une volonté d’imposer un modèle récurrent, plutôt qu’un achat ponctuel de licences.
Cette approche s’aligne sur la tendance du software as a service (SaaS), où l’utilisateur n’achète plus un produit définitif mais loue un service évolutif. Si cette mutation présente des avantages en termes de mises à jour continues et de sécurité, elle enferme aussi les clients dans un modèle de dépendance aux décisions stratégiques de l’entreprise.
Pour Yusuf Mehdi, vice-président exécutif de Microsoft et directeur du marketing grand public, « le moment est venu d'opter pour un nouvel ordinateur sous Windows 11 ». En 2025, Microsoft s'engage à mettre en avant le renouvellement des PC sous Windows 11, combinant une approche incitative et coercitive pour encourager les utilisateurs à abandonner Windows 10. Cette stratégie, qui pourrait s’apparenter à une volonté d’accélérer le cycle d’obsolescence des équipements, soulève des questions cruciales sur les motivations de Microsoft et sur l’impact de telles décisions sur les consommateurs, les entreprises et l’environnement.
Pour « encourager » les utilisateurs à se tourner vers de nouveaux PC, Microsoft a entrepris de sévir contre les personnes qui ne respectent pas la configuration requise pour Windows 11 en bloquant une méthode utilisée pour contourner les exigences du système. Puis, en décembre, Microsoft a autorisé l'utilisation de Windows 11 sur des PC anciens et incompatibles quelques jours seulement après avoir déclaré que TPM 2.0 est une « norme non négociable pour l'avenir de Windows ».
La veille du lancement du CES 2025, Microsoft a poursuit ses efforts pour que les utilisateurs adoptent son nouveau paradigme logiciel, en déclarant 2025 « l'année du rafraîchissement des PC sous Windows 11 » et en rappelant à tous que la date de fin de support de Windows 10 est toute proche. Cette déclaration a été faite par Yusuf Mehdi, qui a mis l'accent sur les nouvelles fonctionnalités d'intelligence artificielle qui accompagnent la mise à jour des exigences matérielles de l'OS et sur la façon dont ces spécifications renforcent la sécurité.
Conclusion : opportunité, oui, mais pour qui ?
L’argument de Microsoft selon lequel la dépréciation est une opportunité mérite d’être nuancé. Certes, l’innovation est essentielle et la mise à jour des technologies est un passage obligé pour éviter les vulnérabilités et améliorer les performances. Toutefois, cette logique ne doit pas occulter les contraintes imposées aux utilisateurs, qui se retrouvent parfois contraints de migrer à un rythme dicté par des intérêts commerciaux plus que par une réelle nécessité technique.
Microsoft ne se contente pas d’offrir des opportunités : elle impose une trajectoire. La vraie question reste donc de savoir si ces évolutions servent avant tout l’innovation… ou les intérêts économiques de l’éditeur.
De plus, le problème de l'approche de Microsoft en matière d'obsolescence est que les délais sont flexibles, éthérés, inconnus. Lorsque la suppression d'un outil ou d'une fonction est annoncée, il n'y a souvent aucun moyen de savoir quelle est la date limite : elle peut être dans quelques semaines, dans quelques mois, voire dans quelques années.
Source : Microsoft
Et vous ?
La dépréciation est-elle toujours justifiée par des raisons techniques (sécurité, performances) ou parfois motivée par des intérêts commerciaux ?
Certaines fonctionnalités supprimées étaient largement utilisées (ex. le panneau de configuration classique). Microsoft devrait-il laisser plus de flexibilité aux utilisateurs au lieu d’imposer des changements radicaux ? Dans quelle la dépréciation profite-t-il réellement aux utilisateurs plutôt qu’à Microsoft lui-même ?
Avez-vous déjà été impacté négativement par la suppression d’une fonctionnalité dans Windows ? Quelle fonctionnalité supprimée récemment auriez-vous aimé conserver ?
Microsoft parle de « dépréciation comme une opportunité » : pensez-vous que c’est une vision réaliste ou une tentative de justifier une politique de mises à jour imposées ?
Voir aussi :
Microsoft Recall est désormais une dépendance d'Explorer.exe, ce qui implique l'installation obligatoire du spyware sur tous les PC Windows 11 et une raison additionnelle pour migrer sur Linux
La fonction controversée de Recall de Microsoft connaît déjà quelques problèmes : elle ne respecte pas toujours les préférences de l'utilisateur et ne fonctionnera pas avec certains programmes d'accessibilité
Windows 10 reste le choix préféré des utilisateurs malgré les efforts de Microsoft de les pousser vers Windows 11, 61% des gens sont encore sur Windows 10 à quelques mois de la date de fin de vie de l'OS