
Depuis le lancement de Copilot, Microsoft n’a cessé d’insister sur son potentiel à transformer la productivité : génération de documents, résumés intelligents, analyses de données automatisées, assistance rédactionnelle dans Outlook, ou encore pilotage de réunions dans Teams. L’installation automatique de l’application vise à accélérer son adoption en supprimant la barrière technique et psychologique du téléchargement volontaire.
Dans l’esprit de Redmond, il s’agit de rendre l’IA aussi banale et indispensable que Word ou Excel. Une fois l’application en place, les utilisateurs pourront l’exploiter immédiatement, pour peu que leur entreprise ait souscrit les licences adéquates. Ceux qui ne disposent pas de ces licences verront néanmoins l’icône Copilot, ce qui risque de générer une certaine confusion.
Rappelons d'ailleurs que récemment, dans plusieurs pays (notamment en Australie et dans plusieurs pays d'Asie du Sud-Est), Microsoft a imposé son outil en ajoutant Copilot à sa suite de productivité Microsoft 365 et en les forçant à payer (l'intégration a été suivie d'une hausse des prix de Microsoft 365).
En somme : Microsoft a donc augmenté les prix des abonnements de sa suite bureautique Office (Microsoft 365) pour la première fois en douze ans. La société a justifié ces augmentations de prix par l'intégration de l'assistant d'IA Copilot dans Microsoft 365.
Une installation forcée qui interroge sur le contrôle des environnements
Le principal reproche adressé à Microsoft n’est pas la présence de Copilot en elle-même, mais la manière dont il sera imposé. Dans de nombreuses organisations, les DSI (directeurs des systèmes d’information) et administrateurs réseaux se battent pour garder la maîtrise de leur parc applicatif. L’arrivée d’un logiciel installé automatiquement remet en cause cette logique.
L’enjeu dépasse la simple question technique. C’est un symbole : celui d’un éditeur qui s’autorise à pénétrer jusque dans l’environnement de travail sans consentement préalable, au nom de la modernisation. Certains y voient une répétition des stratégies passées de Microsoft, notamment lorsqu’Internet Explorer avait été imposé par défaut sur Windows dans les années 1990, ou plus récemment quand Teams s’est retrouvé installé d’office dans la suite Office.
Productivité contre gouvernance : le dilemme des entreprises
Microsoft justifie ce déploiement automatique par une volonté de standardiser l’expérience utilisateur autour de Copilot. L’application sera ajoutée par défaut aux postes des utilisateurs de Microsoft 365, venant compléter Word, Excel, Outlook et Teams. L’objectif affiché est de permettre à chacun de bénéficier immédiatement des fonctionnalités d’assistance basées sur l’IA, sans nécessiter une configuration complexe.
En pratique, cela signifie que les administrateurs système verront apparaître, dans leurs environnements gérés, une nouvelle application installée automatiquement. Même si des mécanismes d’exclusion existent, ceux-ci nécessitent une action proactive de la part des responsables IT.
Pour les entreprises, le dilemme est clair. D’un côté, Copilot promet de réduire la charge cognitive des employés. Qui refuserait un outil capable de synthétiser une centaine d’e-mails en quelques lignes ou de générer en quelques secondes un tableau de bord Excel exploitable ?
De l’autre, l’installation automatique perturbe les processus établis de gouvernance numérique. Dans des secteurs sensibles comme la finance, la santé ou l’administration publique, chaque nouvel outil doit être évalué en termes de sécurité, de conformité réglementaire et de respect des politiques internes. Avec cette approche, Microsoft renverse l’ordre habituel : au lieu de « demander l’autorisation », la firme agit d’abord et laisse aux entreprises le soin d’opter pour une exclusion manuelle si elles ne veulent pas de l’application.
D'ailleurs, Redmond a conseillé aux administrateurs d'informer les équipes d'assistance et les utilisateurs de leur organisation avant que l'application ne soit installée de force sur leurs appareils « afin de réduire la confusion et les demandes d'assistance ».
Les inquiétudes des administrateurs : sécurité et coûts cachés
La sécurité constitue l’un des points les plus sensibles. Copilot est conçu pour interagir directement avec les données des utilisateurs et des organisations. Même si Microsoft insiste sur le respect des normes de conformité, l’arrivée forcée d’une application de ce type suscite des craintes, notamment en matière de fuite de données ou de mauvaise configuration des accès.
À cela s’ajoute une problématique de coûts. L’installation automatique ne signifie pas un accès gratuit à toutes les fonctionnalités. Beaucoup nécessitent un abonnement payant supplémentaire. Ainsi, certaines entreprises redoutent une « frustration organisée » : les employés voient l’outil installé, l’ouvrent, puis découvrent que leurs droits sont limités sans surcoût de licence. Résultat : pression interne sur les services IT et financiers pour débloquer de nouveaux budgets.
Le déploiement débutera début octobre et s'achèvera mi-novembre ; toutefois, l'application Microsoft 365 Copilot ne sera pas installée sur les systèmes situés dans l'Espace économique européen (EEE). « À partir d'octobre 2025, Microsoft commencera à installer automatiquement l'application Microsoft 365 Copilot sur les appareils Windows équipés des applications clientes de bureau Microsoft 365 », a déclaré la société vendredi dans une mise à jour du centre de messages Microsoft 365.
« Cette application fournit un point d'entrée centralisé pour accéder aux expériences Copilot et aux fonctionnalités basées sur l'IA dans Microsoft 365. Cette modification simplifie l'accès à Copilot et permet aux utilisateurs de découvrir et d'utiliser facilement les fonctionnalités qui améliorent la productivité. »
Comment désactiver l'installation automatique de Copilot
Bien que la nouvelle application soit ajoutée au menu Démarrer de Windows et activée par défaut, les administrateurs informatiques chargés de gérer les déploiements des applications Microsoft 365 pourront la désactiver dans le centre d'administration des applications :
[LIST][*]Connectez-vous au centre d'administration des applications Microsoft 365 avec un compte administrateur.[*]Accédez à...[/*]
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